Iatros (médecin) + Logos (discours) = Dire la médecine. Une nécessité pour que les patients et leurs proches deviennent réellement des acteurs de leur santé. Pour que la démocratie sanitaire ait un sens. Pour que les associations de patients ne se contentent pas de représenter les personnes touchées mais puissent également participer à la construction de la médecine de demain.
Le langage des initiés, un outil de pouvoir
Depuis des siècles, « Le médecin malgré lui » en témoigne, le monde de la médecine se protège d’un rempart de mots savants pour dire, parfois, les choses les plus courantes : céphalées, gastralgie, etc. Ce langage codé, comme les idéogrammes rares des langues asiatiques, a pour fonction de placer l’initié dans une position de pouvoir basée sur le maintien des masses profanes dans la dépendance, une dépendance similaire à celle du voyageur dans un pays dont il ne connaît pas la langue.
La vulgarisation médicale, une activité révolutionnaire
Dans son sens le plus noble, la vulgarisation médicale donne à comprendre en respectant les nuances du discours professionnel. Révolutionnaire, elle abat les remparts linguistiques pour redonner du pouvoir au patient. Dans le contexte actuel de la promotion de la démocratie sanitaire, du patient acteur de sa santé, dire la médecine avec les mots du patient devient impératif. Les professionnels sont priés de sortir de leur forteresse terminologique. Mais seuls les plus pédagogues d’entre eux y parviennent, faute de formation, faute de temps, faute parfois de patience.
Dire la médecine, une réflexion sur la pratique
S’ils contribuent à maintenir le pouvoir, les remparts terminologiques enferment les professionnels de santé dans une conception rigide de leur pratique. La place du médecin dans le tissu social, son rapport aux patients, le locus de la décision médicale, son rôle dans la prévention… autant d’éléments façonnés par la langue médicale et la parole de la Faculté. Au cœur de ces représentations, et en pleine lumière aujourd’hui, se trouve la dynamique du « colloque singulier » que les médecins les plus réfractaires au concept de démocratie sanitaire brandissent comme une tresse d’ail en Transylvanie.
Pour les soignants, sortir de la terminologie académique ancienne pour reformuler la médecine avec les mots, les concepts et la sensibilité d’un humain du XXIe siècle, est aussi libérateur que la vulgarisation médicale peut l’être pour les patients.
Internet, la parole libérée
Depuis la généralisation des outils de communication digitale, les patients et les professionnels de santé ont trouvé des lieux d’expression et d’échanges inédits, hors des vieux forums codifiés et contrôlés. Internet est devenu le lieu où la médecine est dite librement, parfois maladroitement, parfois faussement, mais toujours passionnément. Blogs de médecins, forums de patients, pages facebook associatives, gazouillis twitterien… la parole fuse, dans un style souvent bien éloigné de la froideur scientifique des traités de médecine.
Pour être entendu dans ce brouhaha fertile, pour éviter d’être noyé dans la digitorrhée, pour que des échanges en ligne naissent des idées et des actions, il existe des principes, des stratégies et des moyens. C’est le travail d’Iatrologos – Dire la médecine.